Dehors octobre
By vieux bandit on 3 Oct 2025, 11h49 - Vie tout court - Permalink
Mon cadet a eu quatorze ans (ce qui m'en donne mille). On y a consacré la journée entière. Pas de regrets là!
Mon benjamin s'est encore baigné dans la rivière hier. J'avoue qu'au soleil sur la plage, il faisait assez chaud pour que je sois tentée, mais l'ombre arrive plus tôt que durant l'été, et si une fois mouillée je suis ravie, le problème c'est qu'il faut bien en ressortir et se sécher en gelant.
La ville ici continue de m'éblouir. Les friperies vraiement pas chères débordent de dons. Littéralement: il y en a trois sur la rue principale qui ont demandé aux gens de cesser les dons pour le moments, le temps de gérer le surplus d'inventaire! Et quand les réseaux sociaux ici parlent d'itinérance, c'est pour offrir un repas aux gens dans la misère, pour s'unir et leur trouver des nécessités de base, pour partager les ressources qui existent (là où j'ai vécu en Alberta, c'était pour exprimer du racisme à peine voilé, et une couche épaisse de mépris maquillé dans des phrases qui parlent de ces gens-là...)
Je gère une semi-urgence vétérinaire qui risque d'être un adieu bientôt, après dix-sept ans. Pas facile. Pour me gérer, j'ai semé vingt-et-un godets de graines de plantes pour l'intérieur, pour l'été prochain et pour la postérité (on verra pour ça). C'est Zia qui m'inquiète, ma puce qui partage mon oreiller toute la nuit (entre vieilles, on se comprend dans nos réveils fréquents, et on se réconforte en se collant).
Si j'écris ici, c'est comme ne pas écrire. Si j'écris ici, c'est comme crier dans le fond de mon placard (mais plus facile, parce que le placard est présentement difficile d'accès, et plus sympathique, vu qu'au moins un des chats y a fait un nid douillet où passer ses journées). Si j'écris ici, c'est un peu par nostalgie d'un hier qui a existé, je le jure, mais pas longtemps (c'est fou, vous le croirez jamais, mais dans le temps, les gens cliquaient sur des liens pour prendre des nouvelles au lieu de faire défiler vers le bas dans un vacarme visuel qui n'a rien de personnel). Il a dû coïncider avec le summum de ma naïveté, voilà tout, et moi j'y ai cru. Si j'écris ici c'est que je ne sais plus trop quoi faire d'autre. Ici, ailleurs. C'est pareil, au fond: c'est un murmure dans un orage, un sourire ou une grimace à peine esquissés en toute solitude dans un recoin sombre. À côté de ça, l'arbre qui tombe dans sa forêt déserte, il repassera.