Mardi 15 Juillet 2025
J’ai au moins trois super pouvoirs. (J’aurai aussi un record Guinness dès qu’on ajoutera la catégorie de la personne qui a le plus souvent des poils de chats dans les yeux…)
Le premier et le plus plate à dire et à vivre, c’est la patience à long terme. J’ai parfois laissé la chance au coureur tant et tant que je ne l’ai jamais revu… sauf comme un point qui disparaît à l’horizon. Passons.
Le deuxième est nettement plus intéressant pour la colocation. Quand j’ai un de mes bons jours, je peux me mettre à tout cuisiner en même temps, des repas et des desserts, du pain et plus… Oui bon, des gens capables de cuisiner à la folie, il y en a, mais moi? Moi je popote comme une machine (qui a des machines et sait les utiliser!)… tout en faisant la vaisselle – à mesure! Ooooooh, hein? Quand même, respect.
Mon troisième super pouvoir est moins souvent utilisé. Je l’ai développé en 1981 (j’étais précoce!) et confirmé en 1982. Et hier j’ai su que je l’avais encore. C’est… que quand un téléphone sonne, si l’appel a pour but d’annoncer le décès d’un grand-père, eh bien… je le sais. Je le sens. C’était vrai pour mon grand-père maternel, encore vrai pour mon grand-père paternel, et hier soir, c’était vrai pour le grand-père paternel de mes enfants. (Quand ça a été mon père, je ne l’ai pas senti, mais il n’avait de grand-père que le titre théorique, rien d’autre. Ça ne compte pas.)
Lundi 14 Juillet 2025
J’avais trois poètes préférés dans l’univers.
Jean-Sébastien Larouche, décédé par suicide à la fin novembre 2024.
Andrea Gibson, mort[e] aujourd’hui après des années de cancer. Toutes nos vies, iel a eu trois semaines de plus que moi. Et là je vais avoir cinquante ans cet été, et iel, pas.
Il «me» reste Marjolaine Beauchamp. J’y tiens.
Samedi 12 Juillet 2025
Je teste flatpress, un gestionnaire de contenu sans base de données (c’est beaucoup plus léger) et en code libre (open source). Je voulais tout faire à la mitaine, mais j’ai tendance à oublier ce qui occupe toutes mes journées en entier, et à sous-estimer le temps que tout prend (et ma mémoire!) en surestimant l’énergie disponible… dans un avenir rapproché (ça dépend des jours, je dirais).
En tout cas, peu vous importe, c’est de la poutine tout ça, mais mon petit nid ici, j’y tiens d’une étrange manière, et j’ai l’intention de le faire mien. À mon image, ce serait pousser un peu, mais disons que si ça finit en bordel intense avec des bouts qui dépassent et d’autres auxquels je n’ai même pas pensé, eh bien… on s’en rapprochera.
Vendredi 11 Juillet 2025
J’ai démarré un levain il y a huit jours et j’ai envie d’en parler sans bons sens (j’ai aussi besoin de lui trouver un nom!). (Et en parler sur Facebook ou Insta ou même Blue Sky, ça ne fera pas la job. J’aime mieux parler toute seule ici, dans le vide, alors aussitôt pensé, aussitôt écrit!
Je n’en ai jamais eu un levain qui va aussi bien! Après sept jours, non seulement il gonflait à plus du double de son volume, mais soudainement il sentait vraiment bon (oui bon il sentait le pain, mais le bon pain chaud!). Je lui ai même donné accidentellement de l’eau chlorée, et il a résisté. Je lui ai donné de la farine non blanchie et dela farine de blé entier sans problème, sans devoir trouver de farine de seigle ni devoir m’en tenir à une seule farine.
Je le nourris deux fois par jour (une demi-tasse de farine, environ trois quarts de tasse d’eau: sans même peser ni être précise, juste selon la texture!), maintenant que je comprends ses besoins (et il ne produit plus de liquide!). Ce matin, il a triplé en volume! Déjà je peux (et je vais) utiliser le surplus, que j’enlève avant chaque repas du levain, et d’ici une semaine, je pourrai me lancer dans la boulange (et la cuisson DEHORS, youpi!).
Non seulement ma joie est intense (mes enfants m’ont vue parler à mon levain…) et c’est un soulagement après deux ans dans une maison où même le pain à la machine moisissait en moins de 24 heures et où le kombucha, fallait oublier ça, mais c’est comme… comme un signe de l’Univers qui me dit qu’il approuve la maison. Pour nous et maintenant.
Jeudi 10 Juillet 2025
Depuis la dernière publication, j’ai (encore!) changé de province. J’apprivoise ma nouvelle vi(ll)e avec beaucoup de bonheur. Non mais: avoir une plage à cinq minutes de marche, une rivière à l’eau cristalline, c’est difficile à croire pour moi. Depuis notre arrivée le 1er juin, les bouffées d’anxiété ont disparu. L’insomnie aussi. Je n’en pouvais plus de vivre dans l’inauthenticité et dans l’univers mental et physique d’un sociopathe. La guérison sera peut-être lente, mais elle est entamée.
Hier j’ai cueilli plein de framboises noires à même la grande cour et j’en ai fait un gâteau que les enfants ont dévoré (moi aussi un peu quand même!). Le potager pousse, les chats se prélassent, le temps file. Mon plus jeune blondit à force de visites à la rivière, et sa couleur me rappelle mon enfance.
Sur ma tombe, vous ferez écrire: À son grand dam, elle n’arrivait jamais à tout faire.