Je m'améliore, mais.
Je fais des progrès, mais.
J'avance et j'écris pareil, mais.
En ce moment, j'ai trois recueils de poèmes qui sont prêts ou presque. Et un quart de roman que je réécris du début, maintenant que j'ai compris ce qui clochait et où je m'en vais avec ça. Déjà ça, c'est énorme pour moi... parce que j'ai tendance à me retrouver prise à mes propres pièges. Ceux qui entourent l'acte d'écriture, sans le composer.
À la main, déjà, c'était comme ça. Il me fallait le bon cahier, le bon crayon, le papier parfait, la bonne couleur. J'en fais une obsession qui vire vite à la procrastination, dans le réel. Et qui reste figée là.
Passer au clavier, pensez-vous vraiment que ça allait améliorer mes lubies? Ben non. Quel logiciel? Quelle police? Je peux virer tous les détails en supplice. J'ai réussi à me faire taire/à ne pas m'écouter assez longtemps pour opter pour l'infonuagique. C'est ce qui covnient à ma réalité de mère qui coince son écriture entre deux mandats professionnels, entre deux lectures, et entre la vaisselle et le souper. Qui profite donc de pouvoir retrouver la même version d'un document sur son ordi de travail en haut, sur son chromebook en bas, et sur sa tablette n'importe où. C'est déjà ça de gagné. Et ça fonctionne: j'avance. Même si j'ai derrière la tête une démangeaison: comment suivre toutes mes différentes versions à différentes étapes du processus?
Mais les poèmes... des petits bouts de rien, non publiés, que je dois réunir, qui peuvent être agencés de mille manières, dont je veux et dois suivre la trace individuelle... ça me fait capoter. Je fais souvent des recherches: comment les poètes gèrent-ils et elles (surtout elles) leur producation? Comment se souvenir que tel texte a déjà été publié dans un magazine, que tel autre va avec un troisième? Et les idées, les bouts de brouillon, je fais quoi avec, pour ne pas les perdre, les inutiliser sans le vouloir? Franchement... j'ai envie de tout mettre sur pause le temps... de créer une base de données relationnelle! (Pas Access, mais FileMaker Pro.)
Si je ne le fais pas (ni la pause ni pour le moment la base de données), c'est parce que je vois maintenant le piège. Et que ça serait plutôt imbécile de continuer à m'y empêtrer. Me vient l'image de Side Show Bob qui pile sur un rateau laissé au sol à l'envers. Puis sur un autre. Et un autre encore. Et encore. Et encore, jusqu'à ce que tout le monde arrête de rire, parce que c'est trop. Tout le monde, sauf moi, qui en redemande et qui n'en peut plus tellement en rajouter encore me fait rigoler. Ouais. N'empêche que ça m'aiderait dans mon désordre éditorial. En fait, là, je cherche le moyen d'éviter les désastres qui viennent avec le piège (trente ans de silence) tout en profitant de ses avantages.
Comment, j'en demande beaucoup?


